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LA BASSE TOUS TERRAINS

De plus en plus présent sur la scène française, voire internationale, Mike Clinton est à l’aise dans tous les registres, grâce à une polyvalence musicale exceptionnelle et une science de l’accompagnement qu’il revendique haut et fort et qu’il ne cesse de perfectionner. Bassiste Magazine s’est penché sur le cas Clinton.

Par Paolo Coccina

Salut Mike, raconte-nous les grandes lignes de ton parcours ?
Mon premier contact avec la musique s’est fait à l’âge de six ans au travers du piano, au conservatoire de l’Hay-Les-Roses (94) avec donc un peu de solfège. Mais j’ai vite arrêté à cause du sport et notamment le football dans lequel je m’investissais de plus en plus. J’ai grandi à St Denis (93) dans un environnement très musical avec beaucoup de musique et de musiciens qui passaient à la maison. Mon père, Jean-Yves Messan (j’ai le nom de ma mère), gabonais-breton, était bassiste, très connu en Afrique, mes oncles étaient guitaristes ou bassistes, bref, la musique était omniprésente, mais le foot avait pris le dessus. Et puis un jour, j’avais environ douze ans, j’étais chez ma grand-mère en Guadeloupe, et je me suis salement cassé le bras. La rééducation était difficile et c’est alors que ma grand-mère m’a conseillé de me mettre à la guitare pour retrouver un peu de mobilité digitale. Un copain avait une guitare et une basse, une copie Fender Precision bon marché, et comme lui voulait rester à la guitare, on devine aisément la suite. Je me suis mis à travailler la basse comme un malade.

 

Tu avais quelques notions de solfège, mais comment apprenais-tu la basse ?
On écoutait l’album live de Sixun jour et nuit, j’essayais de reproduire les lignes de Michel Alibo, l’un des meilleurs amis de la famille, et puis je me suis mis à écouter et regarder autrement les albums et les cassettes VHS que j’avais à la maison, des concerts de Miles Davis avec Marcus Miller à la basse entre autres. J’ai pris la mesure de ce que pouvait être cet instrument, de sa place dans un ensemble musical et j’ai pris aussi conscience de mon héritage familial. Je bossais toutes sortes de musiques, aussi bien les Beatles que Weather Report ou Pino Palladino. J’ai commencé à jouer dans un petit groupe de quartier qu’on avait monté en Guadeloupe.

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Après la copie Fender Precision, quelles basses as-tu jouées ?
Quand ma mère a vu que la basse devenait pour moi une passion sérieuse, elle m’a offert une Bass Collection cinq cordes. un investissement à l’époque et moi ensuite, la première basse que j’ai pu acheter (j’étais revenu à St Denis entre temps), c’était une Rickenbacker, pas vraiment le genre de basse que je voulais, mais bon, je l’avais eue à un prix dérisoire.
Je l’ai gardée un bon bout de temps, je jouais avec des groupes de funk, de rap. Je m’étais aussi inscrit au conservatoire de St Denis où je participais à des ateliers de jazz et de blues.

 

Le premier déclic professionnel ?
Grâce à Michel Alibo encore ! Il m’a recommandé auprès des musiciens du groupe antillais C’Kans’ avec qui j’ai beaucoup tourné et aussi enregistré. On était parrainé par Jean-Philippe Marthély du groupe Kassav. A la suite de cela, on m’a beaucoup appelé pour des séances de musique antillaise ou africaine. Je jouais aussi beaucoup à l’église, sur des cantiques avec des chorales. Je m’étais monté une basse avec un manche Warmoth, un corps de Jazz Bass et des micros EMG. Sinon, le tournant décisif au niveau professionnel a été d’entrer dans l’orchestre d’Edith Lefel, une très grande chanteuse antillaise. Avec elle, j’ai fait l’Olympia en 1996. j’avais une vingtaine d’années. En 1997, je me suis acheté une basse Trace Elliot cinq cordes, un instrument assez méconnu dont je me suis aussi servi assez longtemps.

 

C’est là qu’intervient la diversification ?
C’est vrai qu’on m’appelait toujours autant pour la musique antillaise, mais j’avais envie dejouer d’autres styles musicaux, du jazz, de la pop, de la fusion… et surtout d’accompagner parce que j’ai toujours pensé que c’est le rôle essentiel de la basse. C’est pour cela que j’adore entre autres Pino Palladino. A ce propos, avec le batteur Maxime Garoute. j’ai eu le privilège de constituer la section rythmique du groupe français Revolver et il fallait reprendre les lignes de basse que Pino avait gravées sur l’album. Un régal! Sinon, pour en revenir à la diversité, j’ai donc aussi eu la chance d’être appelé par Alan Stivell, Salit Keita avec qui j’ai tourné pendant quatre ans avec Roger Biwandu à la batterie, Gad Elmaleh, Arthur H, Matthieu Chédid, Gaétan Roussel, Vianney… En fait ce dernier m’a découvert alors que je jouais avec De La Soul, le fameux groupe de hip­ hop américain, car depuis deux ans, je fais partie du groupe français avec qui ils se produisent en Europe. Vianney a apprécié ma prestation, m’a contacté et demandé de le rejoindre. On tourne en trio tout cet été dans les festivals et c’est vraiment très agréable.

 

Revenons au matériel. Actuellement avec quoi sévis-tu ?
Je vais te montrer, passons à côté. Il manque les deux Bluesman Vintage Précision et Jazz Bass que j’utilise en ce moment avec Vianney et qui sont restées au local, sinon celle que tu vois là en premier, c’est une Noir. Je dois rendre hommage à Jean-Michel Noir du Bass Club grâce à qui j’ai pu découvrir et essayer plein de basses de marques prestigieuses. En fait, j’étais l’un des premiers bassistes qu’il a contactés, parce que je jouais à l’époque sur une basse Wyn, une marque qu’il voulait distribuer, et je crois bien que je devais être l’un des seuls en France. Je me suis donc servi de cette Noir sur la tournée Lamomali avec Matthieu Chédid. Je l’utilise aussi beaucoup en studio. Elle a des micros Bartolini et un son très chaud. En fretless, j’ai cette ONG 5 cordes, la première que je me suis faite faire selon mes spécifications. Elle a des capteurs piezo dans le chevalet. J’ai aussi cette Sadowsky Jazz Bass ultra vintage ainsi que cette basse acoustique Rob Allen montée avec des cordes filées plat LaBella. Voici aussi l’une de mes basses principales : une MTD 535 cinq cordes. J’ai aussi cette autre Sadowsky Jazz Bass montée avec des micros EMG.

 

Tu emploies des effets ?
Principalement un Envelope Filter Moogerfooger, un octaver Electro­ Harmonix POG et un octaver EBS, et comme je suis maintenant endorsé par Aguilar, je vais avoir toute leur série de pédales ainsi qu’un nouveau système d’amplification avec une tête AG700 et deux enceintes en 4×10″. Je vais l’utiliser avec Gaétan Roussel avec qui je repars en tournée en septembre.

 

Des projets annexes ?
En ce moment, on me demande souvent des compositions ou de mener à bien des réalisations. Je travaille beaucoup avec un label Black Stamp qui met en avant des instrumentistes. Je dois avouer qu’avec le rythme effréné des tournées, je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à des projets plus personnels, à mon grand regret d’ailleurs. J’aimerais bien pouvoir me poser, faire des résidences, préparer des concerts, mais pour l’instant c’est hors de question.
Plus tard, j’espère…

Mike Clinton sera avec Gaétan Roussel en Showcase à la Fnac St Lazare (Paris) le vendredi 28 septembre, prélude d’une longue tournée passant par la Salle Pleyel le jeudi 13 décembre.

MATOS

Basses : Bluesman Jazz Bass et Precision, Noir, DNG E cordes fretless, Sadowsky Jazz Bass, basse acoustiqu Rob Allen, MTD 535 cinq cordes.

Ampli : système Aguilar avec une tête AG700 et deux enceintes en 4×10″.

Effets : Octaver EBS, octaver Electro-Harmonix PDG, Envelope Filter Moogerfooger, pédales Aguilar

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